Introduction
Los Angeles, fin des années 1920, la ville est retournée par un scandale sans précédent. Christine Collins lutte contre la police de la ville (LAPD) pour que les enquêteurs reprennent l’investigation qui portait sur la disparition de son fils, Walter, qu’ils ont arrêté après lui avoir donné un autre enfant. Se rendant compte de la supercherie, la téléphoniste va tout faire pour prouver au chef du district qu’elle a raison, mais ce dernier ne se laisse pas faire. Comme toutes les autres femmes qui ont tenté de salir la réputation d’un agent du LAPD, elle est internée dans un hôpital psychiatrique par le capitaine Jones.
Scène (Echange avec une prostituée (Carol Dexter) dans l’hôpital psychiatrique).
On lui avait tout enlevé, ses habits, ses bijoux, son chapeau, sa fierté mais jamais on ne touchera à sa volonté. Christine venait d’arriver dans cet hôpital après avoir été lavée, fouillée comme une malpropre et habillée de cette nuisette. Dans les couloirs les cris des femmes abruties par la sismothérapie raisonnaient et arrivaient à ses oreilles comme le chant des enfers. Accompagnée de deux infirmières, elle fut d'abord amenée à sa futur chambre puis à la cantine. Au milieu du chemin, elle s'arrêta.
- S'il vous plaît, je dois voir un docteur... murmura-t-elle, voulant croire qu'ici elle avait les mêmes droits que dehors.
- Le docteur t’appellera quand ce sera à ton tour! lança froidement l'accompagnatrice sans même la regarder.
Tout était blanc : les murs, les chemisettes des patientes, les tenues des soignants, leurs chaussures ; ce qui créait une ambiance lourde, malsaine. Ils entrèrent dans une salle remplir de tables et de bancs placés symétriquement. Il y avait des surveillants partout autour des pauvres innocentes qui étaient là car elles avaient osé dénoncé un agent de police violeur ou violent.
Christine se dirigea vers le buffet qui avait plus l’air d’être un présentoir à ordure qu’autre chose et prit un plateau qu’elle fit remplir avec ce qui semblait le plus mangeable. Elle pivota et observa un instant les différentes détenues qui se situaient dans la salle. Christine alla s'asseoir où elle trouva de la place, là où il n'y avait pas grand monde, mais elle fut vite rejointe par une autre détenue au cheveux bouclés qui s'installa en face d'elle.
- Tu devrais manger... dit-elle en remuant sa cuillère dans sa soupe. Manger, c'est normal... Elle avala une cuillère de légumes. Tu dois tout faire pour paraître normal ici, c'est ta seule chance...
L'inconnue continua de jouer avec son instrument dans le bol, ses paroles arrivèrent dans l'esprit de Christine comme floues, dénuées de sens. Pourquoi lui disait-elle ça ? Elle n'avait rien fait, elle voulait juste revoir son fils.
-Je m'appelle Carol, Carol Dexter, et toi? demanda-t-elle en la jugeant du regard rapidement avant de se replonger dans son bol de soupe.
- Christine Collins...
La femme qui se trouvait en face d'elle lui lança un petit sourire annonciateur de ce qu'elle allait vivre ici ces prochains jours.
- Allez, je sais que c'est dur, mais il faut te forcer à tout manger... Il faut que tu te forces...
Lui dit-elle gentiment en voyant qu'elle n'avait toujours pas touché son plateau-repas. Tout à coup, elle se pencha par dessus la table pour aller lui susurrer à l'oreille discrètement quelques mots.
- Je les ai entendu parler de toi... Code douze ils ont dit... Elle tritura sa cuillère entre ses longs doigts fins. Sur ordre de la police... Carol planta son regard clair perçant dans celui de la mère qui recherchait toujours son fils. Tout ce petit monde autour de toi se dit que si tu as été amenée par la police, tu dois avoir fait quelque chose de grave...
Christine s'avança légèrement à travers la table.
- Non, je n'ai rien fait... Et j'ai bien toute ma tête... Je compte clarifier ça avec eux. répondit la téléphoniste, sûre d'elle.
- Comment? Questionna l'autre femme, sans lui laisser répondre. Plus tu essaies d'agir comme une personne sensée, plus tu as l'air dingue... Elle lui fit un sourire digne d'une vraie folle avant de reprendre. Si tu souris trop, tu as l'air d'une mythomane ou d'une hystérique, si tu souris pas, tu es dépréssive, si tu te montres neutre, tu es repliée sur toi même, prête à la catatonie...
- A voir, vous avez bien étudié la question... dit Christine en riant nerveusement. Elle se rendait compte maintenant à quoi elle allait devoir faire face.
- Ouai... Tu piges, t'es code douze... Moi aussi! On est ici pour la même raison toi et moi, c'est qu'on a bien emmerdé les flics, chacune à notre manière... Ses mots sortirent de sa bouche avec une certaine fierté, ce qui creusa une fossette sur la joue à la jeune mère.
Elle se tourna vers les autres femmes et en nomma une.
- Tu vois, elle ? Son mari la battait, et quand elle à voulu dire quelque chose... code douze! Son visage se tourna vers une autre inconnue. Tu vois celle là, elle s'est fait violée par une escouade de policiers, puis ils lui ont cassé les deux bras, et quand elle a voulu en parler à la presse... code douze.
Christine regarda son interlocutrice, désabusée.
- Et toi ? Tu as fait quoi?
Elle la regarda droit dans les yeux, avec un sourire dessiné sur les lèvres.
- Je travaille... de nuit, enfin... je veux dire, je bosse de nuit! Elle lui fit un petit clin d’œil pour lui laisser comprendre le sous-entendu. Et un client ne faisait que de me tabasser... et quand j'ai porté plainte, j'ai découvert qu'il était flic, je te laisse deviner la suite...
- Code douze!