Nouvel habitant Avatar : Tomas Skoloudik Gouttes de sang : 155 Date d'inscription : 05/02/2016 Age : 43 | Jeu 10 Nov - 21:33 | | C'est drôle comme on peut changer d'humeur du jour au lendemain. Et ce de façon radicale. Comme un raz-de-marée d'émotions, de sensations, que l'on ne voit pas venir. Et quand je me mets à philosopher comme ça, c'est que je ne vais vraiment pas bien. Qu'est-ce qui a bien pu se passer pour que je me retrouve dans cet état ? Pas mal de choses en trop peu de temps, j'imagine. Je tombe sur mon ex au coin de la rue. Je fais des cauchemars où je tue les êtres qui me sont le plus cher dans ce monde. Enfin... qui m'étaient, plus précisément. Parce que oui, ils sont morts. Enterrés six pieds sous terre à bouffer les pissenlits par la racine pendant que moi... Mon psy a comparé mon délabrement mental avec le syndrome du survivant. Ce charmant état d'esprit où l'on s'en veut plus ou moins inconsciemment d'avoir survécu à quelque chose. On le retrouve souvent chez des soldats dont des camarades sont morts au combat. Mais moi je ne suis qu'un simple prof qui n'a jamais rien demandé à personne. Je suppose que tout le monde tient à peu près le même discours. Sauf que tout le monde n'est pas alcoolique. Vous pensez certainement que je devrais aller parler de tout ça à mon médecin ou dans une réunion des AA ? Ouais. Mais je n'ai pas envie de voir qui que ce soit.
On est en plein milieu de l'après-midi et j'ai toujours pas bougé de mon lit. Je ne suis juste pas d'humeur. Je n'ai rien bu et rien avalé depuis hier soir. Je sais bien que c'est mauvais. Seulement... je m'en balance. Genre... grave. Pourtant j'ai bien conscience que si je fais quelque chose de ma journée, au moins je ne penserai plus à tout ça. Je vais me promener. Ça me semble être une bonne option. C'est donc en prenant mon courage à deux mains que je rassemble toutes mes forces pour sortir de mon lit. Me levant mollement, je traîne des pieds jusqu'à la salle de bain, où je peine à me reconnaître dans le miroir au-dessus du lavabo. Aujourd'hui je ne suis que l'ombre de moi-même. Il est sexy le Londonien dans la force de l'âge, dites donc... Je soupire longuement et secoue la tête. Je suis pathétique. Vraiment. De toutes façons, je l'ai toujours été. Depuis que je suis gosse je suis le mec laissé pour compte, celui dont les camarades de classe se moquent à la récré. Beaucoup de choses ont changé depuis ce temps-là, c'est vrai. Mais je crois qu'au fond je suis toujours ce gamin qui rêvait de s'enfuir sur une autre planète. Cependant il est hors de question de grimper dans un vaisseau spatial. J'ai déjà bien assez de mal à me glisser dans ma cabine de douche.
L'eau chaude me fait déjà un peu de bien. On a tendance à oublier à quel point on se sent bien quand on est propre. Un peu comme quand on est malade et qu'on se dit '' En fait c'était tellement génial quand je n'étais pas malade ! Ça ressemble à quoi déjà ? ''. Je ressens un peu la même chose au moment de m'enrouler dans une grande serviette de bain pour me sécher. Dire que je vais mieux serait un mensonge. J'ai toujours ce vide en moi. Cette boule qui semble vouloir m'aspirer de l'intérieur. Bon, ok, on a tendance à appeler ça la faim. Mais il n'y a pas que ça. Et je n'ai pas envie de manger. Pas encore. Je m'habille donc doucement et quitte mon appartement, la tête baissée et le pas aussi vif que celui d'un coureur paraplégique. Je ne sais pas trop où aller. Je ne sais pas trop quoi faire. Juste marcher. M'arrêter quelque part et grignoter un petit quelque chose. Étrangement, bien que je parle de nourriture, c'est le troisième bar devant lequel je passe. Je crois que j'ai envie d'un verre. J'en suis même plus que sûr. Il n'y a rien de tel que la chaleur de l'alcool se répandant dans le corps pour se sentir de nouveau... simplement vivant. Est-ce que je fais le bon choix ?
J'entre dans le bar et, immédiatement, quelques relents d'alcool agressent mes narines. Mon cœur s'emballe. C'est à peine si ma vue ne commence pas à se brouiller, tandis que mes mains tremblent légèrement. Ô faiblesse humaine ! Et ce même si je ne suis pas tout à fait humain... C'est peut-être ce qui me permet d'ailleurs de faire machine arrière et de sauver ma sobriété. J'ai la sensation de m'être téléporté sur le trottoir ! À moins que je ne sois jamais entré dans ce bar ? Je ne sais pas. Et je ne veux pas savoir. Je sors mon téléphone de ma poche et fouille la liste de mes contacts. Je lis tous les noms un à un. À qui parler de tout ça, hein ? Qui pourrait me comprendre ? Mon doigt s'arrête sur un nom : Justin Westincher. Je prends une grande inspiration et lui envoie un message, avant de continuer ma route. J'essaye d'éviter les bars ou tout autre endroit où de l'alcool pourrait être mis à ma disposition. Je me retrouve ainsi seul sur un pont. M'approchant de la rambarde, je contemple le vide sous mes pieds. Me détournant un instant de ce spectacle, je passe un rapide coup de fil à Justin pour lui dire où je suis et essayer de savoir s'il viendra. Puis je retourne à mon observation de l'eau qui coule. Qui m'apaise. Qui m'appelle. |
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