Métier : Lycéenne
   Âge : 17 ans
   Origines : Irlandaises
   Orientation sexuelle :  Hétéro
   Situation: Célibataire
   Date de naissance : 12 août 1995
   Groupe : Humain
   

   
   

Entêtée serait sans doute le mot qui me décrirait le mieux. Je n'abandonne pas facilement et je traquerai ceux qui voudront m'en faire baver. Froide et calculatrice, certains ajouteront que je n'ai pas de coeur : ce qui est faux. J'ai un coeur, mais je le garde pour les gens qui sont capables de gagner ma confiance. Suis-je un peu jeune pour agir de la sorte? Sans doute, mais si vous aviez la même histoire que moi, ce serait sans doute le mécanisme de défense que vous utiliseriez. D'autres me décriraient comme étant instable : je n'ai juste pas envie qu'on me fasse chier. Je ne suis pas colérique, mais si on me cherche, je m'enflamme rapidement. J'ai été brisée à répétition, j'ai fait confiance aux mauvaises personnes, sans doute ma faute... Dépressive? Parfois, un peu... J'essaie d'avancer sans regarder derrière moi, mais il m'est impossible de me lier facilement de créer des liens avec les autres. Pas que je n'aime pas les autres... Mais bon. C'est compliqué. C'est toujours trop compliqué. Ça doit être parce que j'suis timide... Peur? Peur de quoi? D'aimer? D'être aimée? Je n'y crois pas à l'amour. Ça existe, y parait. J'aimerais pouvoir y croire, mais je n'ai pas rencontré personne qui pourrait me faire croire que ça existe. Et puis, même s'il fallait que je rencontre cette personne, j'le briserais sans doute... C'est comme pour les jouets, il n'y a plus rien de résistant aujourd'hui. Tout se casse et se brise. Rien ne résiste à l'épreuve du temps...

   

   

Je suis de taille moyenne, pas trop grande, ni trop petite. En fait, on ne me remarque pas. J'passe habituellement inaperçue. Du moins, c'est ce que je souhaite. Je suis ni trop grosse, ni trop maigre. Je me tiens quand même en forme. Je ne fais pas de la gym tous les jours, mais j'fais des efforts. La course à pied, quand on cherche à fuir rapidement une mère alcoolique, ça compte? Mes cheveux sont châtains clairs, parfois blonds, parfois bruns. Ils sont quand même assez longs, ils m'arrivent au milieu du dos. J'ai les yeux bleus. C'est somme toute assez commun et pratique quand vous ne voulez pas qu'on vous remarque. Que dire d'autres, sinon, que je suis quand même un peu forte. C'est sans doute dû aux bagarres. Se faire cogner dessus et répliquer à son tour, ça développe les muscles! Du moins, j'crois. Parce que je n'ai fait de boxe ni rien de ça. J'veux dire, j'pratique pas de sport de façon assidue. Il y a les cours de gym, mais c'est tout.

Côté vêtements, je porte des jeans et des t-shirts. Habituellement des vêtements amples et confortable. Je préfère laisser mes cheveux pendre devant mon visage. Plus facile de se camoufler ainsi, non? J'ai quelques cicatrices, mais je n'ai pas envie d'en parler. De toute façon, personne ne les verra jamais. Elles sont minuscules, mais je sais qu'elles sont quand même là.

   
   

   

La tête me tournait. Ça m’arrivait souvent dernièrement. Mes nuits étaient agitées et je devais avouer que mes journées ne me laissaient guère de repos. Je trainais les pieds pour me rendre au lycée, je faisais mes travaux de peine et de misère, mon corps entier réclamait une journée de repos que je ne pouvais lui accorder. Pourquoi? Tout simplement parce que mes nuits étaient peuplés de cauchemars plus horribles les uns que les autres. J’pourrais vous dire que j’ai grandi dans une famille normale, mais c’est faux. J’ai perdu mon père alors que j’étais âgée d’à peine 6 ans. Un bête accident de voiture. Y paraît que l’autre type ne s’est jamais arrêté. Il a embouti la voiture de mon père, aucune chance de survie. Il est mort suite à l’impact. C’est sans doute mieux comme ça. Enfin, c’était le médecin qui nous avait dit ça, à ma mère et moi. Il avait dit que si mon père s’en était sorti, il serait dans un état végétatif, en gros un légume. En tout cas, si c’était moi, j’aimerais mieux mourir que vivre ma vie comme ça. Ma mère a pleuré toutes les larmes de son corps, si bien que j’crois que son cœur s’est desséché, complètement. Elle a l’air d’un zombie depuis. J’en ai vu, des zombis, dans les films. Et ma mère, c’est pareil : elle a le teint pâle, elle est maigre, les joues creuses, cernée et lorsqu’elle me parle, quand elle se souvient que j’existe, c’est pour me crier des bêtises. Comme si elle m’en voulait pour la mort de mon père. Pourtant, j’étais à des kilomètres de l’endroit de l’accident. Comment aurais-je pu faire quoique ce soit?

J’suis chez moi le moins souvent possible. Surtout depuis que ma mère a commencé à consommer ces saloperies de médicaments. Elle en consomme le jour, la nuit, elle boit. Elle cale des litres de boisson alcoolisée par jour. Qui pourrait lui en vouloir? J’suppose que si j’avais aimé comme elle a aimé mon père, j’essaierais sans doute moi aussi de noyer ma peine. Enfin, j’sais pas. Les services sociaux ont bien essayé de me retirer de ce foyer inadapté, j’suppose que je n’ai pas fait assez d’efforts pour les aider. J’aurais pu leur dire que ma mère me battait, mais j’trouvais d’autres excuses : j’me suis battue avec des amis à l’école. Et pour que ça fasse plus vrai, ben, j’me battais avec des amis. J’arrivais couverte de bleus, ça couvrait ceux que j’avais déjà. J’suis devenue autonome et débrouillarde assez rapidement : quand on a faim et qu’on a besoin de vêtements propres, on apprend vite comment cuisiner et comment faire le lavage. Et puis, ma mère a besoin de moi. Que deviendrait-elle si je n’étais pas là pour lui rappeler qu’elle existe? Exister… Est-ce qu’elle sait encore ce que ça veut dire? Bref, j’essaie de me tenir loin d’elle, surtout quand elle a trop bu. Elle devient agressive dans ces moments-là et comme je n’ai pas envie de me laisser cogner tout le temps. J’ai déjà répliqué, une fois. La seule chose qu’elle m’a dite c’est : « Au moins, tu cognes aussi fort que ton père! »

Après, je ne l’ai plus tapé. Je ne garde pas un bon souvenir de mon père. Il était rarement à la maison et quand il était là, il était souvent saoul. À cette époque, c’était surtout ma mère qui encaissait les coups. Elle faisait tout pour que je ne prenne pas une seule tape. C’est sans doute en souvenir de cette époque que je refuse de la quitter. Quand mon père est mort, j’aurais pensé que ça aurait été une délivrance pour ma mère. Faut croire que non. Mais bon, ma mère, c’était pas un ange non plus. Elle savait bien rendre les coups et encore aujourd’hui, elle les rend avec plus de vigueur. Elle travaille, parfois. J’sais pas trop ce qu’elle fait, mais j’imagine qu’elle fait ça pour se sentir vivante de nouveau. Y’a toujours des mecs qui viennent la chercher. Différents chaque soir. Parfois, elle rentre dormir, d’autres, pas. Ça dépend. Du tarif qu’ils payent, j’imagine. J’dis que je ne le sais pas, mais c’est que j’préfère ne pas le savoir.
 
Ma tête me fait souffrir. Un coup d’œil au cadran : 3h30. Dire que je pourrais encore dormir 3 heures. Sauf que j’sais bien qu’avec ce mal de crâne horrible, je ne serai plus capable de fermer l’œil. Toujours les mêmes cauchemars qui me réveillent et m’empêchent de dormir. Je jette un regard en direction du coffre. Il occupe cet espace dans ma chambre depuis 11 ans. Depuis la mort de mon père en fait. Je n’ai jamais l’ouvrir. Sa lettre non plus. C’est horrible, me direz-vous, de ne pas respecter les dernières volontés d’un mort? Non, ce n’est pas horrible… c’est un juste retour des choses. S’il s’était montré plus attentionné, plus gentil, plus à l’écoute, plus… Et puis, à quoi bon? Il n’aura plus jamais la chance d’être tout ça.
 
J’enchaîne les journées comme d’autres enchaînent les boissons alcoolisées. Je vis ma vie, sans vraiment la vivre. Des amis? Je n’en ai pas, tous ceux qui osent s’approcher un peu de moi, j’finis par les faire fuir. C’est  ce que je fais de mieux. J’ai pas envie qu’on entre dans ma vie. J’ai pas de place pour personne. En fait, y'aurait sans doute de la place... mais c'est compliqué. Pas envie de ça pour l'instant. Et puis, qui voudrait bien prendre une place dans ma vie, hein? Selon ma mère, personne. Du moins, c'est ce qu'elle m'avait déjà dit.

Bref, j'ai une existence tout ce qu'il y a de plus normal, comme les autres jeunes de mon âge. N'est-ce pas? Enfin, j'tente de me convaincre que c'est normal. J'en parle pas, à qui voulez-vous que j'en parle? Des amis? J'en ai pas. Et quand on se confie à un adulte, ça nous attire toujours des emmerdes. J'ai pas envie que personne ne vienne fourrer son nez dans mes affaires ou encore qu'on trouve que je fais pitié. J'ai besoin de la pitié de personne. De toute façon, ce n'est pas ce genre de sentiments que je fais naître chez les autres. Habituellement, j'm'occupe de mes affaires, mais si on me cherche, on ne tarde pas à me trouver. J'reste dans mon coin à l'école.

   
   

   

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