L’absence de Dante, l’injonction d’éloignement, la perte de son infant, la fermeture temporaire du Wonderland à cause d’un dégât des eaux… c’en était assez ! Sébastien avait pris le premier train de nuit disponible direction « N’importe où sauf Mystic Falls » et vivait dans une luxueuse chambre d’hôtel de Chicago, non loin de l’ancien emplacement du fameux hôtel de Henry Howard Holmes, le premier tueur en série américain. Le Vampire avait éteint son téléphone portable, voulant réellement s’isoler de sa vie pendant quelques jours.
Cela faisait bien une petite semaine qu’il vivait à Chicago, dormant ou s’occupant dans sa chambre d’hôtel pendant la journée et écumant bar et boîte de nuit une fois le soleil couché. Il s’était trouvé quelques histoires sans lendemain pour tromper sa solitude et buvait un peu de leur sang pendant l’acte. Il dansait, buvait, baisait, se comportait comme s’il n’y avait pas de lendemain, mettant même ses sentiments sur pause. Il voulait juste ne plus penser à rien, arrêter d’avoir mal à en crever, ne plus souffrir de cette atroce solitude.
Ce soir-là, il avait opté pour un bar à cocktail gay dont un de ses plans lui avait parlé deux jours auparavant. Il s’était assis à une table avec un verre de « Bloody Bitch », vêtu de façon élégante et sensuelle. Il regardait les hommes qui entraient, jugeant avec qui il allait essayer de repartir ce soir-là. La plupart des gens qui entrait était soit des couples, soit des hommes trop timides pour venir l’aborder. Si personne ne venait lui parler, il resterait là jusqu’à la fermeture et ensuite se contenterait de boire le sang du premier malchanceux qu’il croiserait, ça ne lui posait pas le moindre problème. Il avait envie de se sentir désiré et n’avait pas l’intention de bouger pour trouver sa victime du soir. Elle devait venir à lui.
Finalement un jeune homme blond, qui devait tout juste être majeur, vint s’asseoir près de lui, sans demander la permission et l’embrassa sans gêne. L’audace plut tout de suite à Sébastien qui décida pourtant de jouer les outrés. Il voulait voir si son interlocuteur était assez courageux pour continuer. Comme ce dernier ne se laissa pas démonter, il sourit et lui demanda de lui payer un verre. La soirée risquait d’être infiniment plus intéressante…

Chicago, la cité du vent. La ville du Nord. Telle était la destination d'Ian pour les prochains jours. Un petit weekend loin de Mystic Falls, loin des problèmes ! Le dernier affrontement avec son cadet avait rendu l'avocat nerveux. C'était comme s'ils étaient retournés à cette époque où tout allait mal entre eux, comme si rien n'avait changé. Il savait que Justin lui cachait quelque chose, mais quoi ? Son frère était champion pour ne rien lui dire et lui mentir et ces temps, cela empirait. Il avait alors pris ses billets d'avion pour prendre un peu d'air frais.

Une fois toutes les portes de sécurité passées, le chasseur soupira. Il était enfin en vacances ! Vacances, mot qu'il n'avait pas utilisé depuis des années, pour ne pas dire jamais. Ces trois lettres n'étaient pas dans son dictionnaire . Cependant il ressentait toujours cette pression sur ses épaules, cette tension dans son corps. L'avocat savait que peut importe où il allait aller il pouvait se retrouver en face d'un de ces monstres. Comment se détendre alors que l'on savait qu'il y avait partout une possible nouvelle piste à suivre, un nouveau cas à résoudre ? Alors qu'il avait pris le journal d'une façon anodine, il soupira en lisant la première couverture : "Meurtre sauvage dans la Cité des Vents." Comment allait-il faire si ça commençait déjà comme ça ?

Heure d'arrivée : dix-sept. Le temps d'aller à l'hôtel poser ses affaires et de sortir. Le Westincher avait pris un hôtel bien situé, en plein centre ville. Un quartier festif, connu pour avoir pas mal de bar et surtout de SPA. D'ailleurs Ian se dirigea dans le premier pub qu'il trouva, espérant trouver un bon cocktail après avoir mangé. Il se dirigea alors vers le comptoir sans trop faire attention aux gens qui l'entouraient.
- Un double whisky s'il te plait ! Demanda-t-il au barman qui était bien dénudé.
- Tout de suite beaux yeux... Lui répondit-il, ce qui fit sursauter le chasseur.
- Beaux yeux ? Tu n'es pas en train de me draguer là ? Lui dit-il sérieusement en le regardant servir son verre.
Le serveur vint poser la consommation devant le chasseur avec le ticket et lui fit un sourire et un clin d'oeil.
- Prends le comme tu le souhaites chaton... Mais avec ton petit cul et ta gueule d'ange tu vas en faire fondre plus d'un...
Sans attendre, Ian tourna la tête pour voir les fameux drapeaux arc-en-ciel et les gogo-dancers se déhancher devant une foule qui ne contenait que des hommes... Qui se frottaient et se galochaient entre eux. Un bar gay !

Le jeune homme s’annonçait comme un plan cul de premier choix. Malgré son jeune âge, il semblait fort expérimenté et pas timide pour deux sous. Pas besoin de trop tourner autour du pot, il savait parfaitement quoi faire pour attiser le désir du Vampire. Par certains côtés, il lui évoquait son défunt infant, Julian, tué quelques semaines auparavant par un de ces maudits chasseurs. Il ignorait son nom, mais il l’avait clairement vu. Et comment oublier le visage de celui qui lui avait volé son « chaton », son « petit rayon de soleil » ? Pour la première fois depuis un siècle, il avait passé Noël avec un Vampire qu’il pouvait être fier d’appeler sa famille. Ils avaient passé la nuit en ville, à arpenter le marché de Noël, laissant les flocons de neige voler autour d’eux tandis qu’ils dégustaient un bon verre de vin chaud au milieu des bonshommes de neige. Un très joyeux Noël, comme dans les contes. Bien entendu, Julian ne serait jamais arrivé à la cheville de Dante, mais il avait été comme son enfant. Un enfant avec lequel il s’était amusé et à qui il avait fait découvrir des plaisirs inédits, mais bon… il avait été comme un fils et la famille était une chose très importante pour Sébastien. Morgane pouvait témoigner de ce point.
Prétextant un baiser dans le cou, Sébastien s’amusa à mordre son jeune interlocuteur pour goûter son sang. Le garçon se laissa faire sans protester et commença à caresser le Vampire. Tout ceci s’annonçait parfaitement bien pour le divertissement du Créole. Pas de prise de tête, pas de sentiments, juste du plaisir à l’état brut. Enfin, jusqu’à ce qu’il entende la conversation du barman avec un jeune homme qu’il reconnut comme le chasseur ayant tué son Julian. De tous les Etats-Unis, de tous les comtés, de toutes les villes, de tous les bars de cette cité, il avait fallu qu’il entre dans ce bar particulier ? Sébastien avait perdu la foi depuis longtemps, mais cette coïncidence était trop belle pour être vraie. Il fit signe au barman que la prochaine boisson du chasseur était sa tournée.

Si le chasseur avait plus porté attention sur les détails qui entouraient le bar, il aurait pu voir que cet endroit était fréquenté par les homos : les vitrines comportaient des drapeaux arc-en-ciel et des tableaux mettant en avant des éphèbes en petite tenue. Cependant le Westincher était occupé par d'autres choses qui tournaient en bourrique dans son esprit. Il était venu pour se sentir en sécurité, et ce n'était pas le cas. Bon sang, à quoi est-ce que cela servait de prendre des vacances ?!

Ce fut dès que le serveur ouvrit la bouche qu'il commença à comprendre où il avait mis les pieds, quand il termina son voyage autour de la Lune. Non pas qu'il soit homophobe, le simple fait d'être entré dans ce genre de bar le surpris. Mais n'étant pas de la vieille école, Ian décida d'attendre son whisky et de voir où cela allait le mener, après tout les homos étaient sympas, peut-être un peu trop intrusifs, mais sympas. L'avocat soupira et prit son verre qu'il amena lentement à ses lèvres. Une fois la gorgée prise, il remarqua qu'il n'y avait pas de ticket, il fit alors un signe de la tête au serveur qui se dirigea vers lui à nouveau.
- Je ne sais pas si tu m'as bien compris, mais ce n'est pas en offrant un whisky que tu vas me mettre dans ton pieu ! Commença-t-il en le regardant fixement.
- Ohh mais qu'est-ce qu'ils sont lourds ces hétéros ! C'est bon, j'ai compris que Monsieur préférait se taper des moules ! C'est le beau brun du fond qui vous l'a offert, là-bas ! Répondit-il légèrement énervé avant de montrer au Westincher un couple qui se roulait des galoches sans aucune gêne.

Mais un détail attira l'oeil du chasseur qui ne put s'empêcher de tenir du regard : deux petites traces au niveau du cou de l'un d'eux. Son corps se raidit légèrement, prêt à n'importe quelle éventualité. Son arme en bois était toujours bien cachée sous sa veste. Ses yeux auraient pu se faire revolver envers celui qui était en train de s'occuper de la victime, cependant le chasseur préféra ne pas se faire remarquer et éviter les conflits, après tout, il n'était pas là pour se battre !

Sébastien continua à peloter sa victime, gardant un œil toujours attentif au chasseur. Il leva son verre avec un sourire en coin avant de recommencer à embrasser le jeune homme qui l’avait abordé et qui le couvrait de baisers ardents et possessifs. Si le chasseur ne se mettait en travers de la route du Créole, il était persuadé qu’il allait sûrement passer une excellente nuit et peut-être même une très bonne semaine si le petit était assez doué. Sinon… ma foi, il essaierait le serveur. Ce dernier avait l’air d’être un excellent coup et Sébastien lui plaisait à coup sûr.
Ecoutant la conversation entre le serveur et le chasseur d’une oreille distraite, le Vampire eut un sourire amusé. Le meurtrier de son infant était donc en terre étrangère. Avec un physique comme le sien, il allait vite s’attirer les convoitises de tous les célibataires ou infidèles présents dans ce bar. Après tout le monde savait se tenir, personne n’était ivre au point de devenir lourd… du moins pas encore.
Sa victime se fit de plus en plus entreprenante et il dut détourner le regard pour s’occuper d’elle. Il le mordit doucement. Le jeune homme lui proposa d’aller dans les toilettes pour s’amuser un peu. La grande classe, vraiment… Le Vampire soupira. Bien sûr, il n’était pas contre un petit amuse-bouche rapide. Pourtant, il avait horreur du concept de la restauration rapide à outrance, particulièrement pour son manque cruel d’élégance. S’il voulait baiser une de ses victimes, il y mettait au moins les formes.
- Un peu de patience, mon délicieux garçon…
Il hypnotisa doucement le jeune homme pour le calmer un peu et lui demander de bien se tenir. Il commanda deux verres de rhum et offrit une tournée générale. Puis son regard retourna sur le chasseur en s’essuyant les lèvres avec nonchalance.

Et voilà qu'il se retrouvait dans une situation qu'il avait tenté de fuir en quittant Mystic Falls ! Il avait tout laissé là-bas : Elizabeth, Justin, son cabinet, ses clients, mais la seule chose qui devair retrouver ici, c'était son devoir de chasseur. C'était vraiment le dernier endroit où l'avocat avait souhaité - et surtout pensé - se retrouver face à un vampire. Mais après tout, ces horreurs étaient connues pour se faufiler n'importe où alors pourquoi pas dans un bar de pédés - heureusement que sa Zazou ne l'entendait pas penser car ele ferait des bons hauts et réguliers - à Chicago ? L'aïné de la fameuse fraterie n'avait rien contre les homos, tant que ces derniers respectaient ses limites. Il était même pour le droit au marriage et tout ce qui va avec. C'était juste que se faire draguer par le meme sexe c'était... perturbant ! Déjà qu'avec les femmes l'avocat n'était pas des plus à l'aise alors imaginez la scène avec un home.

Ces crevures étaient des rois dans l'art de la provocation et cela se reconfirma ce soir là. Il lui avait offert un verre pour attire son attention. Mais pourquoi ? Il y avait quelque chose qui clochait et l'homme de loi n'arrivait pas à voir quel était cette chose, ce lien ? Refusant de prendre le verre offert par ce monster, Ian ne les regarda pas longtemps, car il n'était pas à l'aise et que de voir deux gaillards se galocher n'était pas trop son tripe... Son regard fut cependant attire par la prevue de sa crainte : une morsure au niveau du cou de l'humain qui l'accompagnait. Beaucoup de scenarios se déclinèrent dans son esprit mais il décida de ne rien faire et de laisser couler. Après tout, si l'inconnu était consentant et qu'il aimait cela, pourquoi ne pas le laisser se faire avoir ? Juste cette fois ? Il était fatigue et il ne voulait vraiment pas s'embarquer dans un merdier ici alors qu'il était parti en vacances. Il se retourna alors vers le serveur.
- Tu peux aller lui donner son verre, j'en veux pas... Sers moi la meme chose qu'avant. Lui dit-il en enlevant cette fois toutes les fioritures afin que l'autre ne recommence pas à le draguer. Son verre une fois arriver, il prefer faire abstraction de la scène qui se déroulait derrière lui et se perdit un moment dans la contemplation d'un video clip qui passait sur l'une des seuls televisions où des homes ne se massaient pas le torse sensuellement. Il n'allait pas se mêler à cette histoire, sauf si ce con le tuerait sous ses yeux.